Pour ceux qui ont lu le roman, le film de Denis Villeneuve ne comporte pas de surprise… et c’est très bien ainsi. A peine se permet-il la liberté de faire tuer le baron par Paul plutôt que par sa sœur (qui dans le film n’est pas encore née au moment de la prise de pouvoir par son frère), et de modifier légèrement le personnage de Feyd-Rautha pour le rendre tout aussi pervers que le baron, tout en lui laissant ses caractéristiques de combattant émérite et même honorable (dans le film, sa lame n’est pas empoisonnée).

Cette deuxième partie de Dune, comme c’est le cas dans le roman, n’est peut-être pas la plus enthousiasmante sur le plan du récit, car elle comporte un côté inexorable qui laisse peu de place au suspense, quand bien même on ne connaîtrait pas l’histoire. Il est en effet dans la logique des choses que Paul venge sa famille des Harkonnen, et cette logique est renforcée par la prophétie manipulatoire (mais qui va s’avérer bien réelle) des Bene Gesserit, et plus encore par les visions de Paul, après qu’il eut bu l’eau de vie issue des vers géants qui achève de faire de lui le Kwistatz Haderach en lui donnant de don de prescience. On touche là à l’aspect "tragédie grecque" à laquelle le nom d’Atréides fait référence (les Atrides étant dans la mythologie grecque les descendants d’Atrée, dont les célèbres Agamemnon et Ménélas).

Ce manque de suspense peut rendre parfois un peu pesante la durée du film, qui ne laisse de côté aucun détail du roman… Mais pour les fans, cette durée fait qu’on attend avec d’autant plus d’impatience l’attaque finale de Paul et ses fremen sur Arrakeen et le combat avec un Feyd-Rautha antipathique à souhait (à la différence de celui qui était campé par Sting dans le film de David Lynch).

Et visuellement, le film est si beau… S’il y a un domaine dans lequel Denis Villeneuve s’illustre depuis plusieurs années, c’est dans la création d’ambiances fascinantes, qui s’agisse de Premier Contact, de son Blade Runner ou des deux volets de Dune. Et cette deuxième partie, qui se déroule presque exclusivement dans le désert d’Arrakis fait la part belle aux paysages et au sable, omniprésent… au sol, dans l’air, en arrière-plan, dans les cheveux des personnages. Comme pour le premier, le réalisateur a privilégié les prises de vues réelles, à Abou Dabi et aux Emirats Arabes Unis.

De nouveaux personnages apparaissent, et donc de nouveaux acteurs rejoignent le casting du premier film. Impossible ne pas citer en premier Austin Butler, qui interprète de manière magistrale un Feyd-Rautha impressionnant. Christopher Walken, lui, représente assez bien l’image qu’on pouvait se faire dans le roman de l’empereur Padishah Shaddam IV. Florence Pugh interprète la princesse Irulan, personnage célèbre dans les romans pour avoir écrit plusieurs ouvrages sur l’histoire contemporaine de l’Empire (souvent citée en tête de chapitres des romans de la saga), et qu’on devrait retrouver dans le troisième volet annoncé par Denis Villeneuve ! En revanche, on se demande ce que vient faire Léa Seydoux dans le rôle très secondaire de Lady Margot Fenring (la femme du Comte Hasimir Fenring, personnage lui aussi secondaire du roman, mais un peu plus important du fait de sa position de conseiller de l’Empereur)… Peut-être est-ce tout simplement dû au fait qu’elle s‘appelle Seydoux, et que son père Michel avait travaillé sur le projet fou de Jodorowski (cf. à ce sujet l’excellent documentaire sur ce Dune qui na jamais vu le jour) ? En tout cas, son passage dans ce Dune 2 ne restera pas dans les mémoires.

Enorme succès au box-office, dépassant même celui de Barbie et qui débordera peut-être un peu (le roman étant très court) sur le troisième, Les Enfants de Dune. Une adaptation peut-être encore plus complexe et risquée pour Denis Villeneuve, car les suites de Dune sont loin d’atteindre l’intensité dramatique du roman d’origine.

Mais quoi qu’il en soit, on est impatients de voir ce que tout cela va donner !

Cliquer ici pour acheter le Blu-ray ou le DVD sur Amazon

Infos sur l’achat en ligne