John Carter
Lorsque son oncle décède, le jeune Edgar Rice Burroughs découvre qu’il a fait de lui son légataire universel. Outre des dernières volontés très étranges, il lui a laissé un journal intime qui raconte une bien étrange histoire, celle de John Carter, un ancien officier de la cavalerie qui, alors qu’il tentait de fuir des indiens, s’est retrouvé en possession d’un mystérieux médaillon qui l’a envoyé sur la planète Mars. Mais ça, ce n’est que le début des aventures de John Carter ...
On peut penser ou écrire tout le mal qu’on veut d’Hollywood, de Disney et des blockbusters en général, il faut quand même reconnaître aux américains un savoir-faire et même un talent pour "l’entertainment" uniques au monde.
Pensez-donc : des jeunes de 12 ans vont découvrir un film techniquement aussi incroyable qu’Avatar et aussi décoiffant visuellement, inspiré d’un roman publié en 1912. C’est quand même très, très fort ! Et on pourrait croire que les scénaristes ont bricolé l’oeuvre d’Edgar Rice Burroughs (encore plus connu pour être le "père" de Tarzan) pour la remettre au goût du jour, mais même pas ! John Carter reprend très exactement la trame du premier des romans du Cycle de Mars... qui en compte quand même onze au total, ce qui vous donne une idée de ce qui pourrait nous attendre si les entrées sont au rendez-vous, ce qui ne fait guère de doute.
Un seul petit avertissement est nécessaire : il faut se souvenir qu’il s’agit là d’une vision de la planète mars telle qu’on pouvait se la faire en fonction des connaissances scientifiques au début du siècle dernier... donc un peu d’indulgence, s’il vous plaît, notamment à l’égard des "pouvoirs" conférés au héros par la gravité de l aplanète rouge ! D’autant plus que ce côté un peu "rétro" est pleinement assumé par les costumes et le design des vaisseaux, qui rappeleront aux plus anciens le charme et l’ambiance de vieilles bandes dessinées telles que Flash Gordon (ou Guy l’Eclair pour la version française).
Pour le reste... difficile de rester indifférent ou insensible à la qualité exceptionnelle des effets spéciaux, des décors, de la 3D pour ceux qui choisiront de bénéficier de cette technologie. On évoquait précédemment Avatar et il est vrai que la forte présence à l’écran des Tharks, ces martiens verts (évidemment !) dotés de 4 bras et d’un caractère de guerriers digne de celui des klingons de Star Trek, est presque aussi importante que celle des Naavi dans le film de James Cameron !
Mais on ne peut se contenter de citer Avatar... et on peut s’attendre à ce que la critique s’empare de ce jeu des comparaisons et des références pour évoquer Star Wars (dont le héros venait au secours d’une princesse comme dans John Carter) et même, pourquoi pas, une saga telle que celle du Seigneur des Anneaux pour l’ampleur épique des combats. Et certains, sans doute, n’hésiteront pas à dénoncer ces différents emprunts, voire cres plagiats... C’est là, précisément, qu’il faut éviter les contresens. Car si aujourd’hui un film tel que John Carter rappelle autant de scènes, de films, de scénarios et de personnages déjà vus à de nombreuses reprises, ce n’est pas parce que Andrew Stanton et Disney ont été influencés ! C’est, au contraire, parce que des réalisateurs tels que George Lucas et Peter Jackson (pour ne citer qu’eux, mais il y en a beaucoup d’autres) ont été influencés par des réalisateurs et des scénaristes qui, eux-mêmes, dans leur jeunesse, avaient été influencés par les romans du Cycle de Mars d’Edgar Rice Burroughs !
Alors même si, à côté de ces considérations historique, cela peut sembler relativement futile... il faut quand même souligner le remarquable travail d’Andrew Stanton, grand spécialiste de l’animation et notamment "réalisateur" de l’excellent Wall-E, qui frappe ici un grand coup pour son premier "véritable" film ! Il faut aussi féliciter Lynn Collins (déjà vue dans Wolverine, Bug, Le Nombre 23 , Minority Report et la série True Blood), qui crève littéralement l’écran, bien plus que Taylor Kitsch (John Carter), qui ne démérite pas mais ne réalise pas non plus une prestation inoubliable... pas plus que Willen Dafoe (qui était bien meilleur dans la trilogie Spider Man). En revanche, Mark Strong (Stardust, Babylon A.D., Sherlock Holmes, Kick Ass, Green Lantern) s’avère particulièrement inquiétant et fascinant dans le rôle de Matai Shang, un de ces mystérieurs Therns qui semblent jouer avec le destin des peuples de Mars et des planètes du système solaire...
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, John Carter s’avère un film enchanteur, enthousiasmant, surprenant, spectaculaire... en un mot, hautement recommandable. Et pour une fois, on ne peut qu’espérer qu’il ne s’agit que du début d’une longue saga...